Hollywood & l'histoire
Entre mythes et réalité
César avait été le premier à débarquer en Grande-Bretagne en 54 av. J.-C., l’année précédente ayant été qu’une simple expédition. Lorsque Auguste commence son règne, il souhaite terminer le projet que son prédécesseur avait commencé, mais d’autres conflits plus importants repoussent ce projet ; de toute façon, il se trouvait sur l’île des chefs bretons favorables à sa personne, ce qui faisait en sorte que la situation en Grande-Bretagne était sous contrôle. Il faudra attendre que Claude monte au pouvoir après l’assassinat de son neveu Caligula pour que Rome pense à conquérir la Grande-Bretagne. C’est aussi une occasion pour lui de prouver à l’armée qu’il était digne de cette position[1].
La campagne commence en 43 apr. J.-C., et se termine l’année suivante. Lui et ses troupes réussirent à prendre rapidement et sans grands efforts le territoire au Sud, les Bretons ne s’attendant pas à leur arrivée. La victoire fut célébrée à Rome, et Claude obtient le cognomen de Britannicus[2]. Malgré tout, un bon nombre de rébellions eurent lieu dans la région des Pays de Galles et au nord de la Bretagne, la politique de containment de Claude ne fonctionnant pas ; la révolte de Boudicca, reine des Icenis, et l’alliance entre la reine Cartimadua et Rome en sont de bons exemples[3].
La stabilité reviendra en Grande-Bretagne lorsque le procurateur et gouverneur furent remplacés par d’autres qui avaient plus à cœur la paix dans la région au lieu que les campagnes punitives. Cependant, après le suicide de Néron en 68, il eut une grande instabilité politique à Rome, ce qui eut des répercussions dans les îles britanniques[4]. En effet, lorsque Vespasien monte au pouvoir en 69 après l’année des quatre Empereurs, la situation est redevenue instable au nord de l’île. Cerialis, le nouveau gouverneur de la Grande-Bretagne, réussira à soumettre les Brigantes, mais rien ne sera fait pour qu’ils fassent partie de l’appareil romain[5]. Il faudra attendre cinq ans avait qu’Agricola, le nouveau gouverneur, ne puisse entreprendre une campagne pour conquérir le Nord ; un bon nombre de forts furent établis, et la frontière sera délimitée par l’isthme Forth-Clyde. Domitien succède à Titus après son décès, et demande à Agricola de poursuivre sa campagne vers le Nord. La dernière bataille aura lieu au Mons Graupius et se solda par la défaite écrasante des Calédoniens face aux Romains en 84[6].
Le retrait d’Agricola de la Grande-Bretagne la même année mettra fin aux conquêtes vers le Nord, le successeur d’Agricola n’ayant pas les ressources humaines nécessaires ni pour continuer le projet, ni pour maintenir la frontière qui reviendra à celle de départ. Il faut dire que pour le nouvel Empereur Trajan, la Grande-Bretagne n’était pas sa priorité comparée aux campagnes qui avaient entrepris en Dacie, en Arabie et Mésopotamie. La frontière continua de reculer en Grande-Bretagne, mais non pas seulement à cause des attaques « barbares »[7].
La mort de Trajan en 117 et l’ascension au pouvoir d’Hadrien la même année marque un changement dans la façon dont seront gérées les affaires d’État : c’est la fin des conquêtes et le début de la consolidation de l’Empire. Au même moment éclate un conflit au nord de la frontière entre les Romains et les Bretons. Il n’y a pas de détail à savoir qui exactement était impliqué contre Rome, mais il est possible de supposer que c’était les Brigantes.
Une fois la rébellion maitrisée, Hadrien viendra en Grande-Bretagne et ordonna la construction d’une frontière physique, d’un mur, afin de séparer Rome du monde des « barbares »[8].
[1] Patrick Galliou, Britannia : Histoire et civilisation de la Grande-Bretagne romaine Ier-Ve siècle apr. J.-C., Paris, Editions Errance, 2004, p. 9, 10, 11, 12, 13
[2] Sheppard Frere, Britannia : A History of Roman Britain, Londres / New-York, Routledge & Kegan Paul, 1987 (1967), p. 45, 46, 47
[3] Galliou, op. cit., p. 16, 17, 18, 19
[4] Frere, op. cit., p. 74, 75, 76, 77
[5] Galliou, op. cit., p. 19, 20
[6] Frere, op. cit., p. 87, 89, 90, 91, 94, 95, 97, 101
[7] Galliou, op. cit., p. 23, 24, 26, 27
[8] Frere, op. cit., p. 110, 111
