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Qu'est-ce qu'un film historique?

Crédit photo : Sarah-Eve Boulianne, juin 2013

         Depuis sa création au XIXe siècle par les frères Lumières[1], le cinéma, aussi appelé «le septième art», n’a cessé de captiver et de fasciner des spectateurs partout à travers le monde. Avec le temps, celui-ci a grandement évolué grâce aux innovations technologiques qui ont non seulement permis d’optimiser les anciennes techniques, mais aussi de délivrer des œuvres de meilleure qualité au niveau visuel et sonore. Pourtant, si certains éléments ont changé d’autres demeurent, et surtout si l’on pense aux thématiques, aux événements historiques et aux différents personnages qui ont été à maintes reprises représentés au cinéma, et qui le seront probablement toujours pour les années à venir. Cela dit, les films «historiques» ne datent pas d’hier, en effet, ceux-ci existent depuis les tous débuts du cinéma et jouissent encore d’une grande popularité au niveau du public. Ce genre est d’ailleurs l’un des plus anciens[2].

         De nombreux films peuvent être interprétés comme étant des «films historiques», car ils se déroulent dans un passé lointain. Pourtant est-ce suffisant? Comment savoir si un film est historique ou pas? La réponse n’est pas si simple… Il y a plusieurs critères pour identifier les productions dites «historiques» de celles qui ne le sont pas. Pour commencer, il faudrait que les événements se déroulent dans un passé suffisamment éloigné pour que l’on puisse parler d’une «rupture» entre le présent et le passé[3]. Il est à noter que c’est davantage une question de «déliaison» que du nombre d’années,  et cela malgré le fait qu’il y ait fréquemment évocation d’enjeux d’actualités. Ensuite, il faudrait que le film mette en scène des personnages ayant déjà existé ou des événements qui se sont déjà déroulés, qui sont de manière générale attestés par les historiens et reconnus comme faisant partie du «Savoir historique»; sans oublier l’importance d’une représentation suffisamment fidèle et crédible d’une période spécifique,  pour ce qui est des décors, des costumes, des us et coutumes, etc. en vogue à ce moment-là[4]. Ainsi, un film qui utiliserait les costumes d’époque et le passé dans le seul but de créer un environnement exotique ne sera pas réellement considéré comme un film historique; celui-ci devrait dans une certaine mesure apporter des questions, amener des idées et susciter la réflexion et les débats[5].

         Il serait par contre faux de croire que c’est une catégorie rigide et inflexible. En effet, c’est une question somme toute assez complexe, et dire qu’un film est historique ne signifie de toute évidence pas que ce qui est présenté est «véridique». Les réalisateurs vont souvent faire face à énormément de critiques en raison du manque d’authenticité dans leurs productions. Mais il ne faut pas oublier que les films historiques restent avant tout des reconstructions et surtout une interprétation que se fait le réalisateur de ce qui s’est passé[6].  Donc, nous avons toujours le droit à une part de fiction et c’est pourquoi il est important de faire preuve d’esprit critique. Sur ce, voici une citation intéressante de Robert Rosenstone, un historien qui s’est penché sur le sujet :

 

 

[1] «Lumières brothers», Encyclopaedia Britannica, 2014, https://www.britannica.com/biography/Lumiere-brothers (page consultée le 16 novembre 2017).

[2] Michel Condé. «Le film historique quelle vérité?», Centre culturel les Grignoux : écran large sur tableau noir, [en ligne], http://www.grignoux.be/dossiers/366 (page consultée le 16 novembre 2017).

[3] Ibid.

[4] Robert A. Rosenstone, « Like writing history with lighting: film historique/vérité historique», Vingtième Siècle, revue d'histoire, n°46 (avril-juin 1995), p.162-175.

[5] Ibid.

[6] Michel Condé. «Le film historique quelle vérité?», Centre culturel les Grignoux : écran large sur tableau noir, [en ligne], http://www.grignoux.be/dossiers/366 (page consultée le 17 novembre 2017).

[7] Ibid.

« Le film historique ne remplace ni ne complète l'histoire écrite. Il reste adjacent à l'histoire écrite, comme la tradition orale et la mémoire. La différence entre cette pratique et la pratique historique écrite est si grande qu'elle justifierait peut-être qu'on la rebaptise. Comment pourrions-nous l'appeler ? Histoire poétique ? Histoire dramatique ? Histoire expressive ? Histoire cinématique? »[7]

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